La Fête du Monde
Voici le discours de M.Labeth pour l'ouverture de cette fête:
En juillet 1935 dans un collège comme le nôtre, le collège de Sète, Paul Valéry prononça un discours fameux sur les enjeux de l’éducation. Je retiens, pour nous inviter à y réfléchir, cette déclaration à l’adresse de son public, « la fonction la plus profonde de la personne humaine est de faire de l’avenir » Faire de l’avenir, fabriquer en somme du futur, prendre date aujourd’hui pour l’avenir en créant les conditions les meilleures possibles d’une insertion réussie au sein de la société pour les citoyens de demain que sont les collégiens de Beaucourt ou d’ailleurs.
L’école porte cette responsabilité éminente de faire de l’avenir, ou à tout du moins de le permettre, de le rendre possible. L’école a pour mission sans conteste de bâtir avec les jeunes qui lui sont confiés un avenir marqué au sceau de la fraternité et de la solidarité. C’est l’esprit même de notre fête du monde : se rassembler autour des valeurs qui nous autorisent à penser que des lendemains peuvent encore chanter si nous savons ici et maintenant incarner le vivre ensemble, l’inventer et l’habiter de faits et gestes concrets, bienveillants, hospitaliers.
Nous avons fait le choix au collège de Beaucourt de poser des actes symboliques, de développer des dynamiques partenariales comme autant de petits commencements modestes mais prometteurs en organisant ce temps particulier propice aux échanges, aux rencontres, au dialogue des uns avec les autres. Il s’est agi simplement de libérer les talents, de mettre en synergie des compétences, d’étayer des initiatives de bonne volonté, de donner corps aux projets, aux envies d’agir du microcosme que constitue une communauté éducative comme la nôtre.
Je voudrais ici exprimer toute ma gratitude au regard de l’engagement exemplaire des parents d’élèves, de l’implication remarquable des professeurs, des personnels administratifs et techniques durablement sur le pont depuis plusieurs semaines, de l’action de relais de qualité des personnels de vie scolaire, de la coopération régulière, étroite avec les services de la mairie et avec celles des associations beaucourtoises qui nous ont apporté un concours efficace. Que chacun à sa place soit remercié d’avoir pris sa part dans la réalisation d’une fête du monde qui se veut être à sa façon l’occasion renouvelée de nouer des relations, de tisser du lien, de toujours construire des ponts plutôt que des murs.
D’autres que moi l’ont déjà dit et assurément mieux, je pense notamment à notre figure tutélaire au collège de Beaucourt : Antoine de Saint Euxpéry : « Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » Loin de m’appauvrir, de me restreindre ou de me limiter, tu m’enrichis, tu m’apportes un supplément d’âme, un supplément de vie ! Cette magnifique leçon de fraternité, leçon d’ouverture à l’autre, leçon d’un vivre ensemble multiculturel bien compris travaille au quotidien nos rapports humains au sein d’un établissement scolaire tel que le nôtre.
En effet le collège est à la fois un lieu institutionnel de culture où l’on fait l’apprentissage exigeant et patient des savoirs savants mais aussi un espace de vie où cohabitent des cultures singulières et où l’on fait également l’apprentissage de la vie en société dans le respect de nos altérités-aspérités.
La fresque Inside Out qui nous parle autant du dedans que du dehors, des visages d’un monde qui est entrain d’advenir, celui d’une humanité métissée, maintes fois mélangée par les facéties et les vicissitudes de l’Histoire, les saveurs des mets que vous pourrez déguster tout à l’heure, les chants du monde que vous avez entendus il y a un instant, les photographies du collège du temps de jadis, autrefois, naguère que vous pourrez à loisir contempler et admirer autant que toutes les activités ludiques de décentrement hexagonal qui vous seront proposées au fil de vos pérégrinations heureuses dans les ateliers du monde que nous avons conçus à votre intention, ne sont en définitive qu’une manière plaisante et instructive de célébrer la beauté du monde dans sa bigarrure foisonnante de traits et de caractères humains, sa vitalité prodigieuse et son jaillissement de couleurs et de sons.
Qu’il me soit permis de citer une fois encore le poète Paul Valéry qui dans le même discours de 1935 auquel j’ai déjà fait allusion n’hésite pas à affirmer qu’en son temps « il était possible de perdre un peu de temps aux dépens des études, ce n’était pas toujours du temps perdu pour l’esprit ; car l’esprit se nourrit de tout et même de loisir, pourvu qu’il ait cet appétit »
Je forme le vœu qu’aucun d’entre vous, qu’aucun d’entre nous ne perde son temps en déambulant dans notre collège du monde, étonnant concentré de cultures vivantes mais que mû par une saine curiosité, l’esprit en alerte, chacun trouve entre ses murs, la nourriture abondante et riche, suffisante à la mesure de sa faim de fraternel exotisme.